mercredi 28 décembre 2016

S'éduquer

L'histoire de Lancelot a été mon premier frisson amoureux. J'avais dix ans ou peut-être onze. L'échange du baiser avec la reine Guenièvre fut pour moi comme une vague qui remplissait ma barque intérieure d'une eau pure, limpide et aphrodisiaque. Je ressentais tout l'interdit de cet acte, un acte inouï pour le chevalier vaillant qu'il était et le haut rang de cette femme, reine et mariée au roi Arthur. Mais c'était la confirmation que nul n'échappe à ce sentiment qui était alors naissant chez moi. Pour cela, Lancelot, avec toutes ses faiblesses, demeure à jamais mon héros. Ma version était celle de François Johan éditée chez Casterman et parue en 1996.







Une superbe adaptation de 1970, quasi-théâtrale est disponible, avec une bande son magique signée Georges Delerue.





samedi 10 décembre 2016


" Quand l'imagination excitée se fixe sur une chimère, celle-ci finit par se matérialiser tôt ou tard. "

Alfred Kubin, Le cabinet de curiosités.

lundi 28 novembre 2016

A propos de Paradis artificiels


Dans son numéro du 1er août 1917, le Mercure de France a publié, au cours d'un article signé par M. René Emery, une pièce inédite de Baudelaire qu'il avait fait précéder des lignes ci-dessous :  

" On a recueilli, comme de précieuses reliques, les moindres fragments, vers ou proses, qui n'étaient pas compris dans l'édition dite définitive des oeuvres de Baudelaire éditée en 1868. Dans aucun des ouvrages qui les ont publiés, je n'ai vu figurer les vers suivants sur les Paradis artificiels; ils proviennent d'un prote de l'imprimerie Poulet-Malassis, qui les avait conservés, ainsi que quelques lettres relatives à la composition et à la correction de la seconde édition des Fleurs et des Épaves."



Les Paradis artificiels ! Blondes fumées,
Acres saveurs, rêves divins, vivante mort,
Délicieux oubli des femmes trop aimées
Et des chagrins passés, qui nous minent encor.

Maîtresses de jadis que je croyais parfaite,
Monstres câlins, amour, caprice, cruauté,
Les drogues sont pour nous tout ce que vous nous êtes,
Moins les noirs lendemains de l'Infidélité.

Elles versent la vie enivrante et factice,
Le sommeil excité, le mensonge troublant,
L'âme ivre, anéantie, obéit au caprice
Du rêve qui l'emporte, et lorsque s'éveillant,

Impuissante, elle assiste à la mort d'un beau songe,
Lorsqu'elle nous revient, notre âme croit rêver :
C'est la réalité qui lui semble mensonge,
Vous êtes les débris d'un rêve inachevé.



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http://secretdepoisons.eklablog.com/l-opium-ou-la-fascination-des-poetes-a114859974


dimanche 26 juin 2016

 

Lolita, 

          Plus de joies, plus de rires, les flacons de shampooing parfum fraise et fruits d'amour sont vides. Le lit est défait, et toi tu n'es plus là. J'étais dans le rêve d'une petite fille, de ma petite fille. Celle qui criait de joie en promesse d'une crêpe sucrée, ivre bonheur des cœurs joyeusement purs.

        À jamais dans les jardins que l'on a ratissés poussent les fleurs de ma nostalgie. Tous les mots que tu as lancé, petits oiseaux que j'ai tous retenus, je les cajole et les tiens prisonniers. Je suis ton tendre nourricier, ton tendre ambulancier, ton tendre serviteur, ton tendre Tout qui obéit à tout. Ma petite buveuse de mélancolie, alchimiste de l'insouciance. Notre destin était trop beau. Il offensait les malheureux.

        Lolita, mon rêve éternel, mon pain sucré au sourire à jamais évanoui. Laisse moi boire le sang qui soulagera tous tes malheurs, je suis mort avec toi, je veux mourir avec toi. La mémoire de ton souvenir fait partie de mon combat, de la légion contre ce monde qui ne tolère que la chiasse de la force et de l'argent.

                                                            23 juin 2016